(Rire.) Oui, ils feront au moins quatre fois l'amour en une heure trente pour un prix tout à fait respectable, je suis moins chère que les professionnelles!
Vous avez souffert plus jeune de crises de panique. Comment faites-vous pour affronter toute seule durant une heure trente un public de 4000 personnes?
Je n'ai justement pas le temps de penser à mes petites angoisses. Le spectacle me fait oublier mon anxiété, ou alors c'est une autre anxiété...
Comme lorsque vous aviez oublié un soir la chute du spectacle, quatre répliques avant la fin?
Oh là, oui, c'était horrible. J'étais à Lyon. J'avais une telle envie de bien faire que j'ai lâché toute ma concentration en me disant j'arrive au bout, comme dans une course de fond...
Que fait-on dans ce cas-là?
J'ai dit la vérité au public, mais il y a toujours un dieu du théâtre qui vient vous sauver. Si le texte n'était pas revenu, j'aurais dansé ou mimé.
Sur scène, «j'oublie que je suis mortelle», disiez-vous. Toutes ces dates que vous ajoutez à la tournée, c'est pour oublier que vous allez mourir?
C'est vrai, c'est encore la meilleure parade pour ne pas y penser.
Le public suisse est-il fidèle à son cliché, plus lent à la détente que le français?
Non, il est très vif. Je joue d'ailleurs plus vite à Genève qu'ailleurs. Les Suisses sont par contre plus retenus, ce qui n'est pas plus mal. Il y a des villes où les gens sont trop expansifs et cela peut me faire perdre le fil.
Les femmes vous adorent. «Dis-lui qu'on l'aime», m'a soufflé une amie, comme si vous étiez une copine, une grande s½ur idéale. Vous en avez conscience?
Oui, les femmes me le disent, mais cela reste malgré tout très abstrait. J'ai ma vie privée que je préserve, elles projettent des choses sur moi comme je le faisais avec mes idoles, je les comprends, mais cela ne correspond pas à la vérité.
Il fut un temps où vous étiez un peu jalouse des humoristes mâles. Les femmes tombent amoureuses d'eux, vous plaigniez-vous, alors que les hommes ne voient en moi que la bonne copine.
Je me demande si ce n'est pas en train de changer...
Ah, vous recevez plus de lettres d'amour?
Oui. Le rire n'est plus une arme de séduction masculine, les hommes ont changé et, surtout, la nouvelle génération est moins con! Je vois pas mal d'hommes, parfois en bande, à mes spectacles. Et les filles ont compris qu'il n'y avait pas que le physique pour séduire...
Un peu grâce à vous?
(Sourire.) J'espère participer à cette évolution globale. J'ai envie que les femmes soient libres. Que ma fille puisse séduire de la manière qu'elle aura choisie.
Coluche piquait beaucoup à ses proches pour nourrir ses sketchs. Vous avez des amies qui craignent la soirée entre copines avec vous de peur de se retrouver dans le prochain spectacle?
J'espère que mes amies voient d'abord en moi l'amie et non l'artiste. Mais j'emprunte énormément à mes copines, c'est exact. Parfois, sur scène, je me rends compte que je parle comme celle-ci ou comme celle-là. Mais je ne les vole pas, je m'inspire.
Dans Motherfucker, vous vous inspirez beaucoup de Tonie, votre petite fille de 2 ans. Que ferez-vous si elle vient réclamer des droits d'auteur à l'âge de 15 ans?
(Rire.) Je les lui donnerai! De toute façon, elle est déjà très gâtée.
Le célébrissime sketch de l'avion Barbie, elle l'a vu à la TV?
Non, elle est encore trop petite. Pour elle, c'est naturel de me voir en photo dans les journaux, mais je ne suis pas du genre à lui passer les DVD de maman en boucle.
Plus jeune, vous étiez celle qui montait sur la table dans les banquets de mariage?
Pas du tout. J'étais assez «trublionne», mais moins que certaines personnes de mon entourage. Ce qui est très drôle au demeurant. Pourquoi est-ce moi qui suis devenue humoriste professionnelle? Cela reste un mystère. (Sa s½ur, présente dans la loge, lance: «C'est parce que tu as quelque chose à dire!»)
Quand faire rire est un métier, parvient-on encore à le faire en privé sans avoir l'impression d'aller au turbin? Charlie Chaplin n'était, paraît-il, pas très drôle à la maison.
Une fois mon job fini, j'adore que ce soit les autres qui me fassent rire. Au fond, j'aime encore plus rire que faire rire. Je recherche toujours des situations amusantes dans la vie, sinon elle m'apparaît trop sordide. Je ne m'entoure que de gens qui ont de l'humour. Je ne pourrais d'ailleurs pas communiquer avec une personne qui en est dépourvue.
Vous ne croisez jamais d'hommes politiques dans les soirées mondaines?
Je n'y vais pas trop. Je me fous un peu des mondanités.
Comment ont réagi vos parents quand vous leur avez annoncé votre désir de quitter Lyon, votre boulot, pour monter à Paris?
Ils étaient confiants. Je suis une fille très peureuse et casanière, donc je ne suis pas partie à 16 ans en lâchant tout, mais à 25 ans en ayant un théâtre qui me programmait tous les soirs et un logement assuré. Sinon, je n'aurais jamais quitté Lyon. J'ai mis des années à lâcher mon boulot d'infographiste! Je ne fais jamais de saut dans le vide!
Cet été vous allez réaliser un film où vous interpréterez un rôle. Très différent de la Florence Foresti que l'on connaît
Non. J'aurais toujours ma façon de parler, mon rythme, je suis comme ça, je ne peux pas changer, je surjoue tout: l'enthousiasme, la peine, la douleur (je suis très douillette). On peut avoir l'impression parfois que j'en fais des caisses, mais dans ma vie privée j'en fais des caisses!
Après les rapport amoureux, la maternité, les enfants, la peur de vieillir, ne craignez-vous pas d'avoir épuisé les thèmes porteurs?
Ça m'angoisse, mais je fais confiance à la vie. Quand j'ai eu mon bébé, j'ai eu peur de devenir mère et de n'avoir plus rien à raconter. Puis j'ai fait de mes neuf mois de grossesse une force plutôt qu'une entrave. Quand j'aurai 55 ans, je ferai un spectacle sur la ménopause...
Comment travaillez-vous? Vous notez beaucoup?
Non, je suis un peu fainéante et l'écriture n'est pas une nécessité pour moi, alors que jouer m'est indispensable. Mais je connais des humoristes, comme Franck Dubosc, qui écrivent toute la journée.
Vous avez vu son film Camping 2?
Pas encore.
Si cela ne vous fait pas rire, le lui direz-vous?
Non, je n'aime pas blesser les gens. J'essaie toujours de trouver dans un spectacle ou un film un truc qui m'a plu. Je suis peut-être un peu lâche, mais je ne supporte pas moi-même les critiques, alors je n'en fais pas aux autres. Si quelqu'un n'aime pas mon spectacle, il ne faut surtout pas me le dire. Mes proches le savent!
Peur de la remise en question?
C'est déjà bien assez humiliant de se trouver mauvaise, je n'ai pas besoin qu'on me le dise. Vous savez, je suis responsable de tout dans mon spectacle: du rythme, du décor, de l'écriture, de la tenue, ce qui fait que la moindre critique me va droit au c½ur!
Restons positifs. A quoi avez-vous songé quand vous avez appris que vous étiez l'humoriste préférée des Français?
Merde! Un jour je serai deuxième! Du coup, je n'ai pas véritablement savouré ce succès. Je suis toujours dans l'anticipation, à me demander comment surprendre encore, me dépasser toujours.
Qu'est-ce qu'il faut avoir pour rester un bon humoriste?
Le sens de la dérision. C'est plus difficile quand le confort matériel est là et que vous êtes entourée en permanence de gens qui s'occupent de votre vie à votre place et vous flattent toute la journée. C'est pour cela que mes proches sont importants.
Si on vous avait dit quand vous aviez 13 ans qu'il y aurait un jour, comme ce soir, un garde du corps devant votre loge...
Ça ne m'aurait pas étonnée. Je pensais déjà très intimement que, oui, il n'est pas impossible que je devienne star un jour... (Elle mime la diva.) Franchement, je suis sincère même si cela peut paraître prétentieux. Il fallait bien que quelqu'un commence à y croire!
Perfect-Foresti, Posté le mardi 04 décembre 2012 13:45
Flo c'est mon idole ♥